Rencontre avec Georgia Glynn Smith

Vous avez eu une carrière créative très diversifiée. Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?

C’est vrai, j'ai pris de nombreuses directions, et le chemin continue d’évoluer ! Pour résumer, je viens d’une famille de designers : mes parents travaillaient dans le design d’intérieur, collaborant avec des designers influents, des pionniers et légendes comme Terence Conran (fondateur des enseignes Habitat et The Conran Shop, ndlr) ou Charles et Ray Eames. Cet univers a bercé mon enfance et façonné ma sensibilité esthétique. J’ai ensuite étudié dans des écoles d'Arts, notamment à Saint Martin’s à Londres, avec la perspective de devenir peintre. Mais après le décès de ma mère, j’ai dû envisager une carrière plus concrète pour subvenir à mes besoins. J’ai alors bifurqué vers le design d’intérieur, que j’ai étudié à Kingston avant de travailler comme designer à New York.

Comment êtes vous passée du design d'intérieur à la photographie ?

C’était totalement imprévu ! De retour au Royaume-Uni, j’ai fait un stage chez Elle Decoration. J’ai proposé des idées, et quand l’une d’elles a été retenue, la rédactrice en chef m’a demandé si je pouvais la photographier moi-même. Je n’étais pas photographe à l’époque, mais j’ai tenté le coup... et c’est ainsi que ma carrière a débuté.

Qu’est-ce qui vous a donc menée à la photographie culinaire ?

Un jour, Nigel Slater, journaliste réputé en cuisine, a vu mon travail et m’a contactée pour photographier l’un de ses livres. Je ne le connaissais pas à l’époque et, n’étant pas familière avec la photographie culinaire, j’ai abordé le projet de manière instinctive, sans le côté très léché et figé qui était alors la norme. Le résultat était naturel, authentique, et le livre a remporté plusieurs prix. Par la suite, je me suis spécialisée dans la photographe culinaire, voyageant pendant une décennie pour réaliser les commandes photos pour des chefs, des magazines de cuisine et vins, des éditeurs... Ce furent des années incroyables, à capturer de la gourmandise jusqu’en Thaïlande !

Vous avez acheté une maison dans le Languedoc. Pourquoi ce choix ?

C’est très lié à mon histoire personnelle. Ma mère est décédée quand j’avais 16 ans, et mon père s’est installé à Pézenas, dans le Languedoc, avec sa nouvelle femme et ses enfants. À un moment où je me sentais un peu perdue, j’ai voulu créer un foyer dans lequel mes frères, sœurs et moi pourrions nous retrouver. C’était une manière de préserver ce lien familial, cette connexion entre nous.

Avez-vous développé une affinité particulière avec les vins du Languedoc ?

Oh, absolument ! Je suis une grande fan des vins du Languedoc et, quelque part, j’en suis devenue une fière ambassadrice ! Ce qui m’enthousiasme, c’est l’arrivée d’une nouvelle génération de vignerons, cette nouvelle vague, principalement des femmes et des jeunes talents, vient du monde entier. Ils apportent des idées fraîches, cassent les codes et font naître des vins extraordinaires. Le terroir, le vent, le sol et le climat du Languedoc offrent un potentiel immense pour l’innovation. Je parle toujours du Languedoc comme d’une région à suivre de près !

Parlez-nous de votre projet photo avec l’AOC Languedoc.

Ah, c’est une anecdote amusante ! Je me suis retrouvée à arpenter le Languedoc sous une chaleur écrasante de 42 degrés, avec un appareil photo, deux objectifs et trois batteries dans un sac à main ! Pour autant, le souvenir que j’en garde, c’est le nombre de jeunes vignerons qui se lancent et s'imposent dans la région, notamment des femmes. J’ai même capturé, pour une photo un peu décalée, un moment où les femmes sont perchées sur des palettes, portées par les hommes — une manière de les « élever », littéralement et symboliquement.

Cette immersion dans le monde du vin vous a donné l’envie de nouveau projets ?

Le monde du vin semble souvent intimidant, c’est comme si chacun parlait avec un langage codé, cela rend les choses beaucoup plus complexes qu’elles ne le sont en réalité. Je trouvais qu’il y avait un réel besoin d’embarquer dans des histoires autour du vin, de simplifier le discours, le rendre plus accessible, en particulier pour les consommateurs novices. J’ai donc passé l’année dernière à développer un nouveau projet appelé Inside Story, que je lance maintenant !

Dites-nous en plus sur Inside Story !

Inside Story est un concept marketing qui rencontre le monde du vin. Si vous voyez une bouteille avec notre logo, cela signifie qu’elle a une histoire à raconter. Nous avons conçu une étiquette innovante qui se déplie et révèle l’histoire du vin : des cartes, des aquarelles, et des QR codes dynamiques menant à du contenu interactif, comme des accords mets et vins ou des anecdotes amusantes. L’objectif est de rester simple et attrayant, sans bombarder d’informations. Nous explorons aussi des idées originales, comme des webcams en direct dans les vignobles pour que les consommateurs puissent découvrir en temps réel d’où vient leur vin !