[ PORTRAIT ]

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Rencontre avec François Berléand - Acteur - France

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Rencontre avec François Berléand 

"Le vin fait partie de ma vie."

François Berléand fêtera en 2024 ses 50 ans de carrière. Acteur de théâtre puis de cinéma et de télévision, il a tourné dans plus de 120 films, maîtrisant à merveille les personnages de « ronchon ». Ce qu’il n’est pas à la ville, en témoigne sa passion du vin, celui que l’on partage en famille et entre amis. Du merlot de son enfance à la syrah d’une cuvée élaborée avec Hervé Bizeul, des premières sensations à son dernier coup de cœur, rencontre avec un authentique amateur.

Série de portraits d'amateurs de vin, connus ou moins connus ; ils sont artistes, écrivains, aventuriers, chefs, sommeliers, pâtissiers, ... et nous dévoilent sur leur relation intime avec le vin.
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À quand remonte votre premier contact avec le vin ?

FRANÇOIS BERLÉAND

J’avais 9-10 ans. C’était avec mon grand-père. Dans le jardin de sa maison d’Yvetot, il me faisait sentir les feuilles, les fruits, et, à chaque grande occasion, Noël, Pâques ou anniversaire, il me mettait un verre sous le nez, me demandait ce que ça m’évoquait. Je m’entends encore répondre « fraise », « groseille », « framboise ». Il m’encourageait. Une autre fois, avec un blanc d’Alsace, une vendange tardive, j’ai dit « réglisse », il a trouvé ça très bien. À partir de l’âge de 13 ans, j’ai pu goûter, il m’a éduqué le palais.

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Jusqu’à l’âge de 18 ans, je n’aimais que le merlot.

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Que buvait-on dans votre famille ?

FRANÇOIS BERLÉAND

L’un de mes oncles avait épousé une femme issue d’une grande lignée bordelaise. Alors, on ne buvait que du bordeaux, et que de la rive droite. Jusqu’à l’âge de 18 ans, je n’aimais que le merlot. Pourtant, Le premier vin que j’ai acheté, à la Foire de Paris, c’était un bourgogne, et juste à cause du nom : « Montrecul ». Ce n’était pas très bon.

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On ne buvait que du bordeaux, et que de la rive droite. Je ne me suis ouvert à d’autres régions qu’au début du XXIe siècle.

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Quel a été le premier vrai déclic ?

FRANÇOIS BERLÉAND

Jeune, je ne mettais pas d’argent dans le vin, je n’en avais pas. Avec mes amis, le degré suffisait à notre bonheur. Jusqu’à ce que j’ai 27 ans, en 1979, et que je gagne un peu de sous en jouant au théâtre à Bordeaux. Ma partenaire m’a présenté Pierre Coste, grand négociant. Il aimait les comédiens, il m’a fait des remises importantes, j’ai acheté un lot complet pour 20 000 francs. Il y avait de très beaux flacons, Château Petrus ou Château Haut-Brion.

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Comment avez-vous partagé ces vins ?

FRANÇOIS BERLÉAND

Il m’a fallu 3 ans pour tout boire. J’invitais des amis à la maison. J’habitais au 5e étage sans ascenseur. Quand on était six, je sortais trois bouteilles mais, vers minuit, il fallait toujours que je redescende à la cave. J’ai mis un moment avant de comprendre que les gens que j’invitais se foutaient royalement de ce qu’ils buvaient. J’ai commencé à transvaser du Vieux Cep, une piquette de l’époque, dans les bonnes bouteilles, et inversement. Ils ne se rendaient compte de rien, ils étaient conditionnés par l’étiquette, et moi je me régalais en prétendant me contenter du Vieux Cep. Très vite, j’ai surtout gardé mon vin pour les gens qui aimaient vraiment ça.

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Je me suis demandé pourquoi j’avais attendu tant de temps pour boire des vins aussi extraordinaires à des prix abordables.

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À partir de quand avez-vous bu autre chose que du bordeaux ?

FRANÇOIS BERLÉAND

Je ne me suis ouvert à d’autres régions qu’au début du XXIe siècle. En 2004, j’étais en tournée, nous jouions une pièce à Montpellier avec Richard Berry. Après la représentation, nous sommes allés au Jardin des Sens des frères Pourcel. Quand on s’est demandé quoi boire, j’ai bêtement dit : « Peut-être un vin de la région ? Est-ce qu’il y en a du bon, ici ? » Le Languedoc n’avait alors pas très bonne réputation. Ils nous ont servi un Château Puech-Haut. Et, là, j’ai découvert un vin plein de saveurs, du fruit, de l’alcool, un peu de sucre, ça m’a beaucoup plu. Je me suis demandé pourquoi j’avais attendu tant de temps pour boire des vins aussi extraordinaires à des prix abordables. J’ai commencé à m’intéresser à la syrah, je suis remonté vers les Terrasses du Larzac, Châteauneuf-du-Pape et la Vallée du Rhône. Plus tard, j’ai découvert le Château La Négly, dans l’Aude, notamment la cuvée la Porte du Ciel. C’est magnifique.

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Quel est votre dernier coup de cœur ?

FRANÇOIS BERLÉAND

Le Domaine Tour Campanets, en coteau d’Aix-en-Provence. Il m’a été recommandé par le vieux sommelier claudiquant du restaurant que je fréquente quand je joue à Marseille. C’est le vin d’une vigneronne formidable, Emmanuelle Baude, que je suis allé rencontrer. Ancienne notaire, elle a changé de vie par passion. Les bouteilles sont belles, les étiquettes sont belles, c’est du très bon.

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Vous avez fait du vin avec un grand vigneron...

FRANÇOIS BERLÉAND

Je n’ai pas fait grand-chose, tout revient à Hervé Bizeul (Domaine du Clos des Fées, Rivesaltes). Je l’ai rencontré lors d’un jeûne en Espagne. Je lui ai avoué que je buvais son vin et que je l’adorais, on a vite sympathisé. Un jour, pendant le confinement, il m’a dit : « faisons un vin ensemble ! ». Il est venu à la maison, il m’a demandé ce que j’aimais, on s’est mis d’accord sur le cépage syrah et sur un vin bien charpenté. Je suis allé chez lui, on a fait l’assemblage ensemble, c’était passionnant de mettre un peu plus de ça, un peu moins de ci, pour arriver à ce que j’aime. C’est devenu la cuvée « Entre amis », dont le produit de la vente a été reversé à l’association Vendanges Solidaires, qui aide les vignerons en difficulté.

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Avec mon groupe d’amis comédiens je sais que, quand ça rentre dans le gosier, ça ne sort pas tout de suite, c’est apprécié à sa juste valeur.

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Dans quelles circonstances aimez-vous boire du vin ?

FRANÇOIS BERLÉAND

J’ai un groupe d’amis comédiens avec lesquels je sais que, quand ça rentre dans le gosier, ça ne sort pas tout de suite, c’est apprécié à sa juste valeur. Ce sont Pierre Arditi, François-Xavier Demaison ou Stéphane De Groodt. Et d’autres, qui ne sont pas du métier. On prend beaucoup de plaisir à être ensemble même si, parfois, on se dit : « c’est combien la gorgée ? ». Le vin fait partie de ma vie mais je peux ne pas en boire pendant un mois, deux mois, trois mois. Mais, quand je décide de boire, je bois. Et pas seulement entre amis, ça peut être avec la mère de mes filles. Un soir, dans un moment de calme, on décide d’ouvrir une belle bouteille, de partager ça tous les deux.

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Un soir, dans un moment de calme, on décide d’ouvrir une belle bouteille, de partager ça tous les deux.

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Un dernier souvenir ?

FRANÇOIS BERLÉAND

Mon père était un Juif russe, né en Moldavie. Je suis allé là-bas pour une émission et j’ai visité la plus grande cave à vin du monde, Cricova. J’ai bu une bouteille extraordinaire, dont j’ai complètement oublié le nom.

Article - Stéphane Méjanès

Ancien journaliste sportif, Stéphane Méjanès raconte la gastronomie dans toutes ses dimensions depuis 2012 pour divers magazines, revues et sites Internet. Il est l’auteur d’un pamphlet sur la critique gastronomique, « Tailler une plume » (Éditions de l’Épure, 2019), ainsi que de plusieurs livres de chefs. Il est également professeur à l’ESTHUA d’Angers où il dispense un cours sur la critique gastronomique à des étudiants de Master 2. Initiateur avec Guillaume Gomez et Tiptoque du mouvement « Les Chefs avec les Soignants », il a été distingué pour cela du Prix de la Solidarité La Liste 2021. À titre personnel, il a reçu la Plume d’Or en 2019, et le Prix Amunategui-Curnonsky en 2018.

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