Rencontre avec Petter Alexis Askergren

PETTER ALEXIS ASKERGREN

Mon quotidien se construit désormais autour de trois passions, trois piliers : la musique, le vin et l'art. C'est un privilège de pouvoir travailler sur des choses aussi amusantes ! Si j’étais un arbre, la musique serait le tronc, puis une branche pousserait avec Budbreak ma société d’importation de vins italiens, une autre avec mes vins lancés sous la marque “P.Lex”, une autre avec mon restaurant Granen situé dans la station de ski d’Åre, puis encore une autre avec mes expositions de peinture. Aujourd'hui, je reste dans le studio de musique, après j'irai dîné avec des sommeliers ici à Stockholm, et demain... qui sait!

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Le vin était présent à la maison, d’aussi loin que je me souvienne, j’ai donc toujours aimé et dégusté du vin. C’est même ce que je buvais en tournée, plutôt que des spiritueux ! Il y a une dizaine d'années, j'ai décidé de m'inscrire à un cours de sommellerie. À cette époque, il était rare que des particuliers suivent ce type de formation, mais j'avais déjà l'idée de travailler dans le domaine du vin - après tout, on ne peut pas vendre quelque chose que l'on ne comprend pas !

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Je me souviens particulièrement d'un test à l'aveugle sur les vins du Piémont. Je ne savais rien sur le vin, mais j'ai quand même ressenti la rudesse. À la première gorgée c’était le choc, “Waouh, qu’est ce que c’est ?”. C'était du Nebbiolo, et j'étais totalement convaincu. Depuis, je suis accro aux tanins.

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Tout d’abord, son grand potentiel de vieillissement. Beaucoup de gens disent que le Pinot Noir est roi, mais pour moi, le Nebbiolo règne en maître. Cela dit, le Pinot est aussi un excellent cépage, tout comme le Nerello Mascalese (un cépage de Sicile, ndlr), qui est une hybridation entre le Pinot et le Nebbiolo. Ces trois-là incarnent cette résistance que j'apprécie dans le vin. Parmi ces vins du Piémont, élaborés à partir du Nebibiolo, je bois probablement plus de Barbaresco que de Barolo. J'aime aussi les vins de climat frais de la Napa Valley ; il y a notamment Angela Osborne dans la vallée de Santa Ynez qui produit des vins vraiment intéressants, cette nouvelle génération de vignerons et de vigneronnes se permet de faire des choses plus amusantes !

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On pourrait mettre les différents vins dans des cases :  traditionnel, biologique, naturel, etc., même si le vin doit être élaboré de manière juste, au final, c'est comme la musique - est-ce une bonne chanson ?  J'ai vu beaucoup de tendances venir et partir, et c'est triste quand le vin devient un maniérisme, quand vous buvez quelque chose pour conforter votre image. Aujourd'hui, la tendance dans le vin s'est orientée vers des climats plus frais et un style plus léger. Mais la question est : jusqu'où peut-on aller ? Voulons-nous un Barolo qui tend à ressembler à un Pinot ?

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Absolument. Pour me souvenir des vins que je déguste, je peins et j'écris beaucoup. Puis, l'industrie musicale est extrêmement similaire à l'industrie du vin quand on réfléchit à sa structure, le vigneron est l'artiste ! Je découvre le vin comme la musique : vous avez le Piémont avec ses cépages, vous avez le label d'enregistrement Def Jam avec le groupe de hip hop Public Enemy ou Stax avec le chanteur de soul Isaac Hayes... c’est avant tout une signature, un style de musique, qui se retrouve chez de nouveaux artistes et producteurs de cette trempe.

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Nous avons créé la marque “P.Lex” en 2013 lorsque je voulais célébrer mes 15 ans de carrière artistique et cherchais alors un vin associé à la fête. Le champagne ne me semblait pas approprié, car j'ai plutôt un lien personnel avec le Prosecco. Mon père est architecte, donc j'ai passé beaucoup de temps à Venise, où l'on en produit beaucoup, et ma mère adorait ça, en plus ! À cette époque, il y avait cinq ou six Proseccos en Suède, tous plutôt sucrés les uns que les autres. Nous avons fait l'inverse – nous avons cherché à élaborer le plus brut, le plus sec, le plus absolu. Nous avons également lancé une alternative sans alcool qui fonctionne bien ! Outre nos proseccos, nous avons également élargi notre gamme avec quelques vins du nord de l'Italie (Barbera, Pinot Grigio, Langhe Bianco, Langhe Nebbiolo) ainsi que deux vins du Portugal, un rouge Alentejo et un Porto.

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Du Bourgogne Blanc, et notamment du Meursault, mon favori. Cependant, ces cuvées ne devraient pas être gardées trop longtemps, pas plus de dix ans. Sinon, j'ai un manque flagrant de Champagne, mais une abondance de Nebbiolo - la moitié que je consomme immédiatement, l'autre moitié que je fais vieillir. Ensuite, viennent les vins de la Napa Valley et de Bordeaux, pour lesquels ma règle de base est d'attendre. Il y a tant de vins exceptionnels, mais un grand Bordeaux dans 20 ans... c'est tout simplement remarquable ! Ensuite, je m'aventure un peu. J'ai récemment acheté des vins d'entrée de gamme de Fontanafredda (Piémont) du millésime 2010, et ils sont vraiment incroyables aujourd'hui. On ne sait jamais !

PETTER ALEXIS ASKERGREN

Alf avait déjà un podcast lorsque nous avons écrit ensemble notre premier livre sur le vin, et nous partageons la même philosophie. Alors, nous avons lancé le nôtre - et nous n'avons pas arrêté depuis. Nous en sommes à environ 150 épisodes ! Mais c'est probablement le podcast le moins lucratif en Suède (rires). Nous n'avons pas de publicité, nous le faisons juste pour le plaisir. La plupart du temps, c'est simplement nous qui discutons du vin, et parfois nous interviewons divers professionnels du secteur. L'idée est que vous, en tant qu'amateur de vin, puissiez écouter dans la voiture avec des amis qui ne sont pas aussi versés dans le domaine. Nous avons entre 7 000 et 12 000 auditeurs, ça fait beaucoup de passionnés !